Argentine - Chapitre 1 - Buenos Aires, la Province des Misiones et la Province de Salta
Mes amis, quel changement entre l'Inde et l'Argentine !
D'abord, il y a le long voyage entre Bombay et Buenos Aires. 31 heures de vols, de transit en aéroport pour arriver au petit matin en Argentine. Long comme un couloir sans fin qui nous mènerait vers la sortie du voyage. C'est un peu notre sentiment à l'arrivée, celui de débarquer en terre connue, comme un retour à la maison. Buenos Aires a des airs d'Europe, un peu comme si on avait mis dans un shaker un peu d'Espagne, un peu d'Italie, un zeste de France et l'on avait secouer. Mince alors, le voyage est fini ? Mais non, le dernier acte se joue en Amérique du Sud, le continent natal de Marcela, ma clopine compagne. Le voyage prend un caractère plus sensible, plus émotionnel.
C'est un retour pour elle, un retour dans son enfance perturbée par les violentes crises politiques qui ont secoué l'Amérique latine dans les années 70. Soutenues en douce par les USA qui craignent une montée du socialisme sur le continent américain, des dictatures militaires s'installent par la force dans de nombreux pays d'Amérique du Sud. C'est le cas de Pinochet au Chili le 11 septembre 1973 et de Videla en Argentine le 24 mars 1976. L'un comme l'autre créent les pires dictatures qui soient, avec des dizaines de milliers de disparus, de fusillés, de prisonnier politiques. De vagues de réfugiés s'exileront pour échapper au pire. Nombreux seront ceux qui choisiront la France, pays des Lumières, des droits de l'homme et du camembert au lait cru.
Efrain, le papa de Marcela, échappant miraculeusement à une rafle, choisit l'Argentine comme pays d'exil pour sa proximité, pensant pouvoir revenir quand la situation serait redevenue paisible. Une fois installé chez un ami argentin, la famille le rejoint à Buenos Aires début 75. Malheureusement, un an après leur arrivée, ils se retrouvent dans une situation délicate avec l'arrivée de la dictature militaire en mars 76. Heureusement, ils bénéficient de la protection des Nations Unies en attendant l'avis favorable d'un pays d'accueil.
Sans attendre, Efrain quittera l'Argentine clandestinement pour rejoindre dans un premier temps l'Espagne pour la langue commune, et aussi pour de la famille vivant à Barcelone. Mais en 1976, un climat d'après franquisme nauséabond sévit en Espagne. Il choisira finalement la France.
Voilà le résumé sommaire de ces deux années violentes dans la vie d'une famille paisible du quartier de Maipu, dans la banlieue de Santiago du Chili. Obligée de quitter du jour au lendemain sa maison, ses amis, sa famille. Deux ans sans scolarité, dans l'insécurité. Arrivée dans un pays dont il ne connaissent pas la langue. Commencer une nouvelle vie.
En revenant à Buenos Aires, Marcela voulait revoir la rue où se trouvait le foyer qui abritait leur exil, retrouver le jardin d'enfant où elle accompagnait son petit frère Rodrigo chaque matin, dire bonjour et merci à la dame du kiosko qui leur offrait quelques bonbons par compassion, visiter à nouveau le musée des sciences naturelles et le parc du Centenario où ils passaient le plus clair de leur loisirs. Ce parcours, nous l'avons fait ensemble, clopins clopants dans le soleil et dans le vent en promenant nos cœurs d'enfants.
Le récit détaillé de cette première période argentine figure dans les Carnets de voyage, en page Argentine.
Buenos Aires, l'arbre
Ciel bleu, soleil généreux, rues ombragées, parcs à foison, brise marine, Buenos aires est le paradis du promeneur. Nous passerons des heures à marcher dans la ville. Nous sommes surpris par la présence de nombreuses voitures françaises, dont des modèles disparus tels que Renault 12, ou encore Peugeot 504.
Nous nous régalons des pizzas, des glaces, facturas (petite viennoiserie), dulce de leche (confiture de lait), du maté (boisson à base de Yerba maté). Cette boisson se boit partagée en famille ou entre amis. Il est fréquent de voir les argentins avec un thermos d'eau chaude sous le bras et dans la main la calebasse et la pipette.
On sent dans la restauration une forte influence italienne. C'est une des populations qui a le plus émigré en Argentine. Vous savez ce que l'on dit : "l'homme descend du singe, mais l'argentin descend du bateau !"
Nous avons découvert le travail du peintre Oscar Sar, tout en couleur et en lumière dans le quartier de la Boca. Nous sommes allés écouter le tango, cette chanson triste qui se danse, dans le quartier de San Telmo. Buenos Aires nous a fait forte impression. On a beaucoup aimé.
Province des Misiones, chutes d'Iguazu, l'eau
Dans cette province, voisine du Brésil et du Paraguay, nous découvrons dans la ville de Posadas un panneau qui fait état du terrorisme d'Etat de la période 76/83. Bravo au peuple argentin pour le travail de mémoire. Nous visitons les ruines d'anciennes missions jésuites qui, au XVIIe et XVIIIe siècle essayaient de christianiser humainement les indiens guaranis. Et enfin, nous serons abasourdis par le grondement des chutes d'Iguazu, un monstre de la nature dans sa démesure.
Province de Salta, Cafayte, Purmarmaca, Humahuaca, la terre
De Salta, belle ville coloniale, nous louons un véhicule pour emprunter les pistes qui rejoignent Cachi et Cafayate dans le Sud. Les paysages sont grandioses. Travail patient de l'eau et du vent pour sculpter les terres colorées. Découverte du vin Torrontes, blanc très fruité. Remontée vers Purmarmaca et Humahuaca pour voir le travail des peintres de la montagne. Une légende indienne raconte que des géants, un dimanche après-midi où ils s'ennuyaient, ont peint la montagne. Nous étions là sur le haut plateau, montant à plus de 4 000 mètres pour admirer le travail ds artistes.
De belles rencontres ont à nouveau enrichi notre parcours durant cette période. Hugo et Haydee à Buenos Aires, Ben et sa famille à San Ignacio, le groupe de marcheurs du Camino de l'Inca à la Salinas grande, poètes des chemins. Avant de rejoindre le Chili aujourd'hui, nous avons fait étape à Mendoza, la capitale viticole de l'Argentine. Nous sommes accueillis par des hôtes d'exception, Eduardo et sa famille (voir les vidéos). Nous traversons en leur compagnie le col qui sépare les deux pays, au pied de l'Aconcagua. Ce soir, nous dormons à Santiago. Demain, nous repartirons à la recherche de souvenirs enfouis. Mais ça, c'est une autre histoire. A suivre ...
Les Clopins clopants,
Un Clopin chilien est un Clopant content