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La poésie du transsibérien

Pins, bouleaux, rares isbas

Pain, dodo, pas de boulot, du blabla

Le uku qui roucoule

le temps qui coule, cool


(D'après Rimbaud)

Comme nous traversions de longues forêts impassibles,

nous ne nous sentions plus guidés par les haleurs

des cosaques criards nous avaient pris pour cible

les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs


le transsibérien invite à la poésie.

Vous avez 4 jours et 4 nuits devant vous, enfermés avec 54 colocataires dans un wagon.

Aucun ne parle français, très peu parlent anglais. Il va falloir inventer la vie qui va avec.

Mieux vaut choisir le camp de la poésie.


Par la fenêtre, le spectacle est monotone, sauf si vous rêvez de devenir bûcheron. Pins, bouleaux du côté droit, bouleaux, pins du côté gauche avec de temps en temps quelques isbas aux cheminées fumantes pour marques la présence de l'homme dans cet océan de verdure.

Les rares arrêts dans des gares apportent une touche de gris au paysage. Les russes utilisent la couleur pour décorer les églises, pas les immeubles.


Dehors, vous l'aurez compris, rien de vraiment intéressant. C'est à l'intérieur que ça se passe. Et là, si vous voulez que ça bouge, faut y aller, fait s'engager, sinon, vous passerez le voyage dans votre coin. Heureusement, le ukulélé et le sac de provisions vont nous aider

On commence timidement à tendre ses fruits secs vers ses voisins de chambrée, qui vous rendent la pareille, et on se retrouve à manger du saucisson et de la soupe aux nouilles au petit déjeuner.

Manger est un passe temps et un plaisir dans le transsibérien. Mieux vaut ne pas s'arc-bouter sur ses habitudes alimentaires.



Un groupe d'une dizaine d'étudiants sont nos voisins, ils vont devenir nos compagnons de voyage. Ils partent en camp de vacances sur les bords de la rivière Amour. Ils ont eu la bonne idée d'apporter des guitares. Je vais essayer de leur apprendre "les copains d'abord" et "l'équipe à Jojo".


Rubrique High-tech : la wifi est capricieuse dans ce pays. Les russes ont mis au point un système unique au monde qui fonctionne grâce aux oiseaux, principalement deux espèces, le Wifipiti et le Touwittard à courte queue. Leur plumage est revêtu d'une couche de vodkablodinium, un métal rare qui capte les ondes. Les volatiles se transmettent les messages jusqu'au destinataire final. Evidemment, il y a quelquefois des baisses de débit. Quand un Wifipiti mâle rencontre une Wifipiti femelle, il peut y avoir accouplement. Alors le débit s'atténue quelques instants, mais à terme le réseau s'étend avec l'arrivée de nouveaux Wifipitis. La nature est bien faite quand même !


J'avais fait le plein de deux bouteilles de Vodka, mais mauvaise pioche, l'alcool est interdit dans le train. Moi qui rêvait de soirées interminables, à chanter "l'Internationale" à moitié bourré dans le wagon, c'est râpé. A 21h, la Provodnika, la chef du wagon, éteint les feux, et chacun retourne à ses activités dans son quartier. Les nuits sont calmes.

Ce qui est troublant, c'est le décalage horaire qui s'installe doucement. Cette nuit, par exemple, troisième jour de voyage, je me réveille vers 2h du matin. Une lumière éclatante inonde le wagon. Un lever de soleil éblouissant. En, fait, il était 6h en heure locale.




Ca y est, au bout de trois jours, la vie s'est installée à bord du wagon. Tout le monde connait tout le monde. On joue, on chante. Sacha, un jeune garçon de 7 ans qui voyage avec sa babouchka (grand mère), nous a adopté et nous rejoint dès qu'il le peut. Vous le verrez sur la vidéo "le parler russe". On organise des tours de rôle pour recharger nos appareils mobiles sur les deux seules prises disponibles. Le ravitaillement embarqué étant épuisé, on fait le plein aux arrêts dans les gares où l'on trouve sur le quai tout ce dont on a besoin.



Demain vers 16h, nous serons à quai. la Provodnika nous a accordé une remise de peine pour bonne conduite. A coup sûr, nous serons un peu triste de lâcher nos petits gars et tout ce petit monde. Mais, c'est la loi du voyage... rencontre...amitié...séparation...


De Moscou, nous vous dirons peu de choses. Je vous renvoie vers le carnet quotidien de la page Russie du menu Pays. Là encore, nous avons été superbement accueillis, et nous avons rencontrés une très belle âme en la personne de Svetlana, la dame qui vit avec sa fille dans le Kommunalka.


Bientôt, Irkoutsk et les rives du lac Baïkal, mais, ça c'est une autre histoire.

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