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Le don et l'abandon

Comme à chaque fois, c'est un plaisir de prendre le temps d'écrire ces lignes pour partager notre voyage. Le carnet de route journalier, pour ceux qui souhaitent plus d'infos et de photos, est dans le menu "Pays" / "de France au Kosovo".

Nous vous avions laissé sur la côte monténégrine et les gorges de Kotor.

Depuis, nous nous sommes enfoncés dans les terres pour rejoindre Podgorica, la capitale du Monténégro, qui ne nous laissera pas une impression indélébile. Une grande ville avec quelques immeubles modernes, mais surtout une urbanisation à la soviétique avec de larges avenues plantées d'arbres qui donnent l'impression d'être dans une ville à la campagne.



Nous prenons ensuite la route des montagnes au nord pour rejoindre la petite ville de Kolasin. Nous tombons sous le charme de ce gros village. Nous restons un jour de plus que prévu. Balade dans le parc naturel de Biogradska Gora au bord d'un lac, cueillette d'ail des ours, dégustation de la Kaçamak, sorte de tartiflette locale. Tout nous séduit, le paysage, l'architecture des maisons carrées à toits à quatre pans, la vie calme. Tout cela n'est pas sans nous rappeler les villages de Savoie. On a beaucoup aimé.

Mais, l'aventure se poursuit. Nous rejoignons ensuite la ville de Rozaje, à 30 km de la frontière kosovare.

Un vrai changement de culture, un glissement vers l'Orient. Nous voyons apparaître les premières mosquées dans le paysage. Mais ce qui nous heurte le plus, c'est la présence de déchets à tous les coins de rues. Malaise. Nous n'avons plus qu'une envie à présent, rejoindre le Kosovo.


Dès le lendemain, Tiquette franchit le col qui fait frontière et découvre sa nouvelle patrie, le Kosovo, cette petite république indépendante, crée à la suite de la guerre des Balkans. Le Kosovo est un petit pays de 2 millions d'habitants. Il vit en partie grâce à l'aide de l'Europe. Durant des siècles, ce territoire a vécu sous l'influence de l'empire ottoman. Il est de confession majoritaire musulmane, mais pratique un islam doux. On voit très, très peu de femmes portant le voile, beaucoup moins qu'en France. On parle l'albanais.

Il n'a rien de vraiment remarquable, ni dans les paysages, ni dans la culture. Je dirais que c'est un entre-deux, tant dans son positionnement géographique que dans sa culture. On ne sent plus vraiment en Europe, mais pas encore en Orient.

Pour nous, son charme réside essentiellement dans les qualités humaines de ses habitants.


Dès notre arrivée à Peja, une grosse ville de 170 000 habitants à l'ouest du pays, nous rencontrons Vala et Ilmi, de l'organisation Meshqerra qui a permis le contact avec la famille locale qui va recevoir Tiquette.

L'équipe de Meshqerra a sélectionné Shefqet, leader d'un petit groupement de producteurs laitiers basé dans un village voisin, Llozhan. Leur association, Agroflora, n'a pas les moyens d'acheter un véhicule pour la collecte quotidienne du lait. Ce sera la nouvelle vie de Tiquette.



Nous séjournons six jours dans la famille de Shefqet et Aïmon, et leurs 4 enfants. Leur accueil est si chaleureux et généreux. Ils nous font redécouvrir le sens du mot hospitalité. A chaque occasion, ils nous proposent la meilleure place, la meilleure part des plats qu'ils préparent à notre intention. Cela en est gênant, mais c'est le code de l'hospitalité. La maison voisine est celle de son frère. Ils vivent en communauté. Les enfants prennent les repas chez l'un ou chez l'autre. Chaque soir, il se retrouvent dans la grande pièce pour une veillée. Thé russe et grignotage sucré/salé, ça papote, ça regarde la tv, nous passons de bons moments à échanger et rigoler.

Shefqet et Aïmon sont enseignants. Ils font partie de la classe moyenne. Ils enseignent sur une demi-journée, car les établissements n'ont pas assez de locaux pour tous les enfants. Alors les plus jeunes vont à l'école le matin, et les plus âgés l'après-midi. Le reste du temps, ils s'occupent de leur ferme. Ils viennent de construire une nouvelle maison.

Ces six jours en leur compagnie sont une parenthèse douillette. Jamais les relations dans une famille ne nous sont parues si apaisées, heureuses, sereines. On sent beaucoup d'amour entre eux.

Nous occuperons ces journées à la découverte de la région, et aux formalités administratives de la transmission de Tiquette, plus complexes que ce que nous attendions.


Puis vient le temps du départ. Après le don, il y a l'abandon. Nous laissons notre demoiselle dans sa nouvelle famille. Nous la savons dans de bonnes mains. Cela atténue la tristesse de la séparation. Après les chaleureuses embrassades, nous quittons la famille de Shefqet pour prendre le train à destination de Pristina, la capitale. Nous passerons deux jours avant de nous envoler pour Istanbul le 12 mai.

Et bientôt, le pays des Mille et Une nuits, l'Iran !

Mais, ça, c'est une autre histoire.

Les Clopins Clopants.






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