Depuis notre passage de la frontière Sino-laotienne, le 18 octobre dernier, date officielle de notre libération pour bonne conduite, nous respirons. Le Laos nous réussit. Alléluia !
Nous lui trouvons des similitudes avec l'Indonésie. Maisonnettes aux cloisons de bambous tressés, enfants souriants, routes défoncées, bus hors d'age, bêtes en liberté... Ce petit pays de 7 millions d'habitants (répartis en cinquante ethnies) se retrouve coincé entre la Chine au Nord, le Vietnam à l'Est, le Cambodge au Sud, la Thaïlande et la Birmanie à l'Ouest. Pays de montagne et de plateaux, on y circule avec difficulté. Les déplacements en bus prennent beaucoup de temps.
Mais pour nous, voyageurs au long cours en ce mois d'octobre 2017, il a bien des agréments. Climat agréable, paysages, population accueillante, écriture rigolote. On se trouve en pleine période de récolte du riz. Les champs sont en pleine activité. Nous retrouvons le plaisir du voyage.
Les Laotiens vivent beaucoup dehors. Cuisine, repas, petits travaux, tout se fait à l'extérieur de la maison.
Les lieux de travail sont aussi des lieux de vie. Il est fréquent de voir dans les boutiques un lit pour se reposer, une télévision, des gamelles pour les repas.
Les laotiens sont cools. Un peu trop peut-être. Ils se font manger la laine sur le dos par les Chinois, qui installent des barrages hydroélectriques sur leurs rivières, et les Vietnamiens qui entreprennent.
Durant la période 1964/1973, l'histoire les maltraite d'une façon épouvantable. La CIA tire les ficelles d'une guerre secrète qui fera du Laos le pays le plus bombardé au monde. Un raid aérien toutes les huit minutes pendant 9 ans ! Le conseiller militaire et journaliste Fred Branfman a dénoncé avec virulence la violence inutile de ces attaques dans son livre Voices from the Plain of Jars : Life under an Air War. Cet épisode de leur histoire est complètement inconnu du grand public. Nous l'avons découvert lors de notre passage par la plaine des Jarres. Aujourd'hui encore, il continue de faire des victimes innocentes, enfants ou adultes dans les champs, les forêts.
Le voyage amène à découvrir des volets sombres de l'histoire des pays.
Arrivés par la frontière au Nord, nous sommes allés poser nos sacs à Louang Namtha pour quelques jours, avec une escapade à Muang Sing. Premiers contacts avec la jungle et les ethnies du secteur. Puis, nous avons rejoins la rivière Nam Ou pour descendre en bateau pirogue à Muang Ngoi, petit village havre de paix, puis Nong Khiaw. Nous rejoignons ensuite Louang Prabang, spot touristique du Nord. Nous croisons là de nombreux touristes et voyageurs. La ville, au bord du Mékong, est pleine de charme. Grottes et cascades foisonnent dans le secteur. Puis, nous traversons toute une zone montagneuse pour atteindre le plateau de Phonsavan et l'énigmatique plaine des Jarres. Enfin, nous avions rendez-vous à Thakhet et Ban Tham avec la mémoire de notre ami Pierre Vaulot.
Demain, nous poursuivons notre traversée Nord/Sud du pays avec une étape à Paksé et Champassak, avant de rejoindre les "4000 îles" pour une pause de six jours.
Mais ça, c'est une autre histoire.
Les Clopins clopants,
Laos sur la montagne
